Partant du constat que nous sommes sans doute le pire public au monde, et qu’on a déjà trop entendu de « Allez les bleus » résonner dans les travées du Stade de France, l’excellent blog foot de l’excellent Slate.fr, Plat du pied sécurité, a lancé un sondage pour offrir aux tricolores un nouvel hymne. À la pointe de l’attaque et à la limite du hors-jeu, comme d’habitude, la rédaction d’Autopsie a tenté quelque chose. Pleine lucarne.

Nous y sommes donc allés de nos petites propositions. Une sélection officielle, parce qu’il le faut bien. Trois titres, parce que c’est la règle. Et une sélection bonus, parce qu’on n’a pas pu s’en empêcher. Trois titres, parce qu’après ça aurait été trop long.

Sélection officielle:

Pour le fair-play: POW WOW – Le lion est mort ce soir

Indomptable. Redoutable. Incontournable. Tout le monde connaît cette vieille rengaine. Le virage sud s’époumone sur des paroles qui n’ont pas de sens pendant que le nord reprend les choeurs. Ça tape des mains en présidentielles. Ohim Bohé, le lion est mort. Vive l’équipe de France.

Et puisqu’il s’agit de trouver un hymne à notre périple Sud-Africain, l’histoire de ce morceau est parfaite. Son compositeur, Solomon Linda, est né là-bas. Il y est aussi mort, dans la misère, pendant que chacun y allait de sa petite reprise à travers le monde. Quitte à offrir un hymne à l’équipe de France, autant profiter de cette coupe du Monde, terrible coupe du Monde, pour rendre à l’Afrique du Sud ce qui lui appartient. Boum.

Et en plus: Titi Salvador qui chante sa version du morceau avant le coup d’envoi, ça fait rêver. Dommage qu’il soit mort.

Mais: Si on joue contre le Cameroun, incident diplomatique.

Pour la bonne humeur: GÉRARD LENORMAN – La ballade des gens heureux

Un accord à la con, un refrain qui revient toute les vingt secondes et aucun mot de plus de deux syllabes. Les plus de quarante ans écoutent ça tous les matins sur Nostalgie et leurs gosses l’ont sans doute appris à l’école. Le chanteur a un nom top franchouillard. C’est fédérateur, simple et entraînant. Que faut-il de plus pour composer un hymne populaire au service d’une équipe de France dont l’étoile ne brille plus beaucoup?

Et en plus: Si Gérard Lenorman relance sa carrière, peut être que Patrick Vieira peut y arriver aussi.

Mais: Les Français, heureux?

Pour la troisième mi-temps: JOE DASSIN –Les Champs-Elysées

Ce n’est pas Chabal. Ce n’est pas le fair-play ni l’arbitrage vidéo. Pas les cartons blancs ni les remplacements pour saignements. Pas les maillots-polo ni les protège-dents. Non non, ce que le football a toujours envié au rugby, ce sont les trompettes dans les tribunes. En plus d’être hyper populaire et d’avoir déjà été diffusé au Stade de France (vidéo introuvable, mais c’était en 98), ce morceau est bourré de cuivres. Il n’y a  plus qu’à faire venir des mecs de Perpignan pour que le kop s’enflamme. Avant d’aller fêter ça, devinez où.

Et en plus: Ce morceau, c’est l’histoire d’une rencontre. Lui, elle. Il dit n’importe quoi, ça finit dans une cave. Et ouai, quand même.

Mais: Remettre Joe Dassin à la mode, c’est moche.

Sélection Bonus:

Pour la sueur et la postérité: ORELSAN – Courez courez

Partant du principe qu’un hymne est intemporel et que le rap est la musique qui survivra très certainement aux autres, difficile de ne pas en proposer un échantillon. N’y voyez surtout pas une vengeance contre les féministes, mais je rêve d’entendre un stade reprendre ce morceau d’Orelsan, qui est d’ailleurs truffé de références au football. «C’est perdu d’avance », comme le parcours des bleus en Afrique du Sud. « A moins que je tente le suicide », forcément un clin d’oeil à Robert Henke. « Refaire ma vie à l’étranger », certainement écrit pour tous ces joueurs français qui s’exilent. « Certains disent que je suis un génie, d’autres un gosse irresponsable », ça, c’est pour Ben Arfa. Et puis, Orelsan « veux mourir à 33 ans », comme Robert Henke, encore lui.

« Courez courez », comme une menace planant sur les joueurs. « Courez courez », ou le public va vous siffler. « Courez courez », parce que le mythe du maillot mouillé a de beaux jours devant lui, et Orelsan aussi.

Et en plus: Orelsan au stade de France, c’est autre chose que Johnny.

Mais: La manif’ des Ni putes ni soumises à l’extérieur du stade, trop relou, on a loupé le début du match.

Pour la beauté du geste: DOC GYNÉCO – Passement de jambes

Je ne refais pas le discours sur le rap, tout ça, mais ce morceau est quand même au top de la relation entre la musique et le football. Une métaphore qui file comme un débordement de Maradonna, des références qui pleuvent comme les buts à Gerland, une instru qui résonne comme les jambes de Cissé et un flow qui assassine comme Cyril Rool. Tout y est. Et puis le Doc avait déjà vu le match de barrage. « C’est moi qui arrache la qualification, je marque de la main et empoche le pognon ». le clin d’oeil est trop gigantesque pour être oublié, merde.

Et en plus: On oublie souvent que le premièr rap de  Gynéco, c’est sur … Autopsie.

Mais: « On fait la Ola pour Umbro Gynéco ». Ah non, on avait dit non.

Pour la prochaine coupe du Monde: CLAUDE FRANÇOIS – Je vais à Rio

En 2008, Domenech préparait 2010. En 2010, Autopsie prépare 2014. La prochaine Coupe du Monde se joue au Brésil, et on compte bien sur les Bleus pour être encore au rendez vous.

Alors oui, les paroles de ce morceau sont stupides. Oui, la musique ne vaut pas une vraie samba. Oui, c’est rempli de clichés sur le Brésil et les Brésiliens. Mais au moins le message est clair. On va à Rio, point barre. De toute façon, si on en est rendu à chercher un hymne pour l’équipe de France, c’est bien parce qu’on est un public de merde. Les Français sont des gros cons, ils ne méritent pas mieux que ce morceau infâme.

Et en plus: L’élimination au premier tour, la prolongation de Domenech, l’assassinat d’Henry, le FC Nantes 12e de ligue 2, l’OM champion de France et Saumur en finale de la Coupe. Chanter pour 2014 nous permettra d’oublier 2010.

Mais: Je vais à Rio, mais pas en avion.

Vincent Desgré

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